Le 23 septembre 2025, en parallèle de la FAB Paris, Artcurial organisera la dispersion de la collection de La malouinière du Bos, élégante demeure du XVIIIe siècle située au bord de la Rance, aux portes de Saint-Malo. Environ 280 lots : tableaux anciens, sculptures, mobilier et orfèvrerie reflètent trente années de passion éclairée. Pendant plus de trente ans, les actuels propriétaires ont restauré avec le plus grand goût les intérieurs et les extérieurs de ce joyau malouin, y accumulant les découvertes principalement faites en vente publique. Cette vente s’inscrit dans la volonté des propriétaires d’entreprendre d’importants travaux, au terme desquels ils auront à cœur de partager la vie de cette demeure d’exception, en la décorant à nouveau et en la remeublant avec le même raffinement.
Reflet d’un goût prononcé pour les artistes français des XVIIe et XVIIIe siècles, la collection de tableaux anciens se compose de plusieurs œuvres d’exception. Destinée au Salon de l’Académie de Saint-Luc de 1774, une Allégorie de la Poésie peinte par Élisabeth Louise Vigée Le Brun, à la touche délicate et au coloris brillant, présente le portrait d’une jeune femme dont les courbes du dos sont dévoilées avec raffinement, tandis qu’elle lève les yeux dans un moment d’inspiration.
Une jeune espiègle peinte par François-Hubert Drouais, présentée au Salon de 1771 (n° 61) renvoie avec tendresse à la légèreté de l’enfance, un sujet prisé des artistes français du XVIIIe siècle, d’Antoine Watteau à Jean-Honoré Fragonard.
Élisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842)
Allégorie de la Poésie
Huile sur toile
80 x 65 cm
Estimation : 80 000 - 120 000 €
François-Hubert Drouais (1727-1775)
La jeune espiègle
Huile sur toile, de forme ovale
54 x 46 cm
Estimation : 100 000 - 150 000 €
La période féconde de la première moitié du XVIIe siècle est en outre représentée par deux remarquables tableaux : une huile sur toile attribuée à Paul La Tarte, figurant une scène de marché, qui témoigne de la réception du courant caravagesque chez les peintres lorrains, tandis qu’une Madeleine au crucifix (école française du XVIIe siècle, atelier de Georges de La Tour) documente un original perdu de Georges de La Tour et constitue un jalon stylistique important dans l’étude de la série des Madeleine peintes par ce dernier.
La peinture italienne sera également mise à l’honneur avec un large tableau d’histoire d’Andrea Casali représentant Moïse sauvé des eaux et une Vierge en buste de Sassoferrato. Parmi les œuvres sur papier, un joli portrait de Louise Vernet, née Pujol, délicatement dessiné au crayon noir et à l’aquarelle par son beau-père Carle Vernet, sera offert à la vente.
Le choix du mobilier relève quant à lui d’un savant mélange entre le raffinement de la meilleure production française du XVIIIe siècle et un goût prononcé pour l’ébénisterie anglaise de la même époque. À ce propos, signalons une suite de quatre fauteuils à la reine, estampillés par Claude Chevigny, une élégante paire de lustres à lacets Louis XIV aux proportions monumentales, ainsi qu’un sobre bureau d’architecte mécanique d’époque George III, attribué à Gillows.
La malouinière du Bos, construite entre 1715 et 1717, probablement par l’architecte Bullet de Chamblain pour Pierre Le Fer de la Saudre et son épouse, apparentée à la célèbre famille d’armateurs Magon, reprend toutes les caractéristiques des grandes malouinières du XVIIIᵉ siècle : une façade classique, avec un bel appareillage en granit de Chausey, et une architecture symétrique et majestueuse, animée par un corps central en léger ressaut. Noble et puissante, elle domine un vaste jardin à la française, qui se prolonge jusqu’à une boucle de la Rance. Toutes les fonctions d’une malouinière sont intégralement conservées au Bos : un mur d’enceinte complet, une chapelle, de grands communs, un parc dessiné et orné de statues et d’éléments sculptés.
Construites pour les plus grands armateurs malouins qui avaient bâti leur richesse sur le négoce avec l’Orient et les guerres de course, ces demeures de plaisance sont les écrins sévères de majestueux trésors. Jean Bart, Duguay-Trouin, Surcouf font vivre l’imaginaire corsaire où vitesse, ruse et panache l’emportent souvent sur de gros tonnages et de nombreux canons. L’iode, le soleil et le vent font vivre le Bos depuis trois cents ans. Le tonnerre de la poudre est évoqué par un canon de marine du début du XIXᵉ siècle, rapporté d’Extrême-Orient et portant l’inscription Fendre la montagne en caractères chinois ; le choc des abordages et le bruit des fers sont ressuscités par un ensemble d’armes d’abordage et d’apparat, dont le passé mystérieux évoque des îlots solitaires et de merveilleux butins oubliés.
Bureau d’architecte d’époque George III
Attribué à Gillows
Estimation : 4 000 - 6 000 €
Vue de l’intérieur de La Malouinière du Bos
L’esprit malouin, résolument tourné vers le large et la découverte du monde, est évoqué par un ensemble d’objets scientifiques permettant la mesure de l’espace et du temps : une paire de globes anglais du milieu du XIXᵉ siècle formant sphère terrestre et sphère céleste, ou encore un télescope écossais par Thomas Morton de la même époque.
Le souvenir des voyages au long cours est suggéré par un ensemble d’assiettes en porcelaine chinoise de la Compagnie des Indes, mais aussi par des images saisissantes comme celle que dresse Eugène Isabey sur sa toile Pendant la tempête en 1849, où l’air saturé d’iode témoigne de la violence déchaînée des éléments. En contrepoint, le peintre Arthur David McCormick brosse le portrait en pied d’un marin paisible, lisant à quai une lettre que l’on imagine volontiers galante, avant d’appareiller pour l’Invincible.
Vente aux enchères
La Malouinière du Bos, Une passion française
Mardi 23 septembre 2025 à 14h30
Exposition
19, 20 et 22 septembre 2025, 11h - 18h
23 septembre 2025, 11h - 14h30
Contact
Léa Pailler
+33 1 42 99 16 50